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Les chauves-souris

Photo d'une chauve-souris en vol
Vespertillon en vol (photo Guy Deflandre)

Vivant dans l'ombre de la nuit, les chauves-souris ont peu retenu l'attention du grand public, si ce n'est pour se donner de doux frissons ou pour alimenter ses moyenâgeuses superstitions. Depuis quelque temps on commence à les reconnaître dans un registre plus positif. Il a fallu attendre 1983 pour qu'elles soient légalement protégées en Wallonie; en 1995 elles deviennent l'objet d'une attention toute spéciale dans le cadre de l'Année Européenne de la Conservation de la Nature. Partout en Europe on a pris conscience des menaces qui pèsent sur ces mammifères et des réactions s'organisent face à leur déclin.

Comprendre la biologie des chauves-souris pour les protéger

Les chauves-souris ou chiroptères sont, faut-il le rappeler, les seuls mammifères à avoir conquis l'espace aérien. Parmi les mille espèces connues dans le monde, 30 vivent en Europe et 18 sont connues en Belgique. La modestie de ce dernier nombre ne doit pas nous cacher qu'il représente le tiers des espèces des mammifères sauvages terrestres de la faune belge et wallonne, on ne le sait que trop peu.

Pour bien comprendre l'importance capitale du milieu souterrain naturel pour les chauves-souris, il est utile de rappeler quelques aspects clés de leur biologie.

Deux périodes caractérisent le cycle annuel de ces animaux. La période estivale ou de reproduction et la période hivernale ou d'hivernage. Ce schéma est en réalité simpliste et très largement nuancé.

Au début du printemps, alors que la nature se réveille, les chauves-souris quittent progressivement leurs retraites d'hivernage et réapparaissent dans les gîtes d'été. Les femelles forment des colonies de reproduction pouvant compter jusqu'à des centaines d'individus. Les mâles, qui sont généralement exclus de ces colonies, vivent en solitaires ou en très petits groupes. Pour la plupart des adultes, l'accouplement a eu lieu l'automne précédent, mais la fécondation est différée au tout début du printemps. Les futures mères recherchent des gîtes dont le microclimat est aussi chaud que possible et d'une quiétude parfaite. C'est pour cette raison qu'elles s'établissent généralement sous les toitures des habitations, dans des combles divers, des granges, des clochers..; ailleurs, si la colonie est suffisamment populeuse, elle créera par sa masse des conditions microclimatiques favorables dans des trous d'arbres, de rochers et, plus rarement à notre latitude, dans des grottes.

La durée de la gestation - 4 à 8 semaines - est fonction principalement du climat. Les petits naissent nus et aveugles, de mai à juin, et sont allaités comme tout jeune mammifère. Durant quelques jours, ils restent fixés à leur mères, même lorsque celles-ci partent chasser. Leur poids ayant très rapidement augmenté, ils resteront au gîte, durant l'absence maternelle, dans une véritable nursery.

Dès la mi-août jusqu'à début septembre, suivant les conditions climatiques, les jeunes chauves-souris auront quasi atteint la taille des adultes et prendront progressivement leur émancipation; les colonies se désagrègent.

La période de préhivernage commence. Outre l'activité d'accouplement qui durera parfois jusqu'au printemps suivant, chaque individu doit se constituer des solides réserves pour passer la mauvaise saison. La matière énergétique accumulée, sous forme de graisse, représente environ le tiers de leur poids.

Les chauves-souris de nos régions sont toutes essentiellement insectivores. Par nuit de chasse, elles sont capables de capturer d'impressionnantes quantités d'insectes (près de la moitié de leur propre poids, voire leur poids d'après certains observateurs).

Voilà donc bien un insecticide de qualité et sans danger pour notre santé ! La recherche des gîtes d'hivernage semble être un souci constant. Les chiroptères commencent à les visiter dès la fin juillet, et de manière de plus en plus assidue à mesure que l'hiver approche. Lorsque surviennent les premiers froids et que les insectes ne se manifestent plus, ils s'y installent.

Le gîte d'hivernage présente des qualités microclimatiques très rigoureuses et une quiétude absolue. La température est basse et stable, choisie spécifiquement entre 0°C et 11°C. "Qui dort dîne", rien de plus vrai pour ces mammifères dont la température corporelle va baisser et approcher, à 1 ou 2°C, la température du gîte, avec pour conséquence un ralentissement du métabolisme et donc de la consommation d'énergie.

D'autre part, l'humidité ambiante est proche de la saturation, ce qui freine l'évapotranspiration au cours du sommeil prolongé. La léthargie n'est pas un phénomène permanent. Elle est fréquemment interrompue entre autres pour permettre à l'animal de boire ou de trouver un point d'accrochage plus adapté lors de modifications microclimatiques sensibles. Le milieu souterrain, qu'il soit naturel ou artificiel, est celui qui assure naturellement les conditions requises.

Réveiller une chauve-souris en hibernation provoque une élévation de sa température corporelle de plus de 30°C. C'est dire la surconsommation énergétique et le risque important pour sa survie.

Le vol permet aux chauves-souris des déplacements saisonniers parfois très importants, plus de 1.000 km pour la pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) et celle de Nathusius (Pipistrellus nathusii). Le vespertilion des marais (Myotis dasycneme) se reproduit dans le nord des Pays-Bas et au Danemark et hiverne principalement dans les cavités de Wallonie. La plupart de nos espèces cavernicoles se déplacent dans un rayon de 10 à 20 kilomètres entre les gîtes d'été et d'hiver. Le petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) fait exception, il est très sédentaire et préfère hiverner là où il se reproduit. Le choix des gîtes d'été est généralement lié à la présence immédiate des terrains de chasse pour la plupart des espèces, d'autres comme la noctule (Nyctalus noctula) peuvent se nourrir à plus de dix kilomètres à la ronde.

Jacques FAIRON

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