Le calcaire est constitué d'au moins 50% de carbonate de calcium; il est lentement dissous par l'eau d'infiltration chargée de gaz carbonique. Les fractures de la roche permettent le passage et l'action de cette eau vers les profondeurs du massif. Les interstices s'élargissent progressivement en des conduits de plus en plus spacieux où les vides ainsi crés deviennent parfois pénétrables par l'homme. En surface, le lent travail de la pluie, du gel, du vent et de l'eau d'infiltration vers l'intérieur des massifs a modelé le paysage calcaire de manière si diversifiée qu'il en a acquis un charme tout particulier qui rappelle le karst, région naturelle de Slovénie et de Croatie. C'est l'origine du qualificatif karstique, qui est appliqué à tout phénomène naturel altérant la roche calcaire.
En Wallonie, un inventaire systématique de ces phénomènes majeurs (Atlas du karst wallon) a permis d'en dénombrer près de 3500, répartis sur le territoire de 149 entités communales. On y compte quelque 1300 grottes et abris sous roche, 850 pertes et chantoires, 500 résurgences et plus de 500 dolines ou dépressions paléokarstiques. Par ailleurs, environ 150 rivières et circulations souterraines karstiques ont été mises en évidence. Il existe en Wallonie 235 grottes naturelles dont le développement dépasse 100 mètres. Parmis elles, 19 ont plus de 5000 mètres. La grotte de Han-sur-Lesse détient le record de développement naturel avec plus de 10 kilomètres, le trou Bernard à Maillen celui de profondeur avec 140 mètres et la grotte de Remouchamps, dont la salle de la Cathédrale à 40 mètres de haut, celui de la plus longue rivière souterraine "navigable" (700 mètres).
Lorsques l'eau chargée de carbonate de calcium arrive au contact de l'air dans les vides souterrains, elle perd progressivement son gaz carbonique. Le phénomène de dissolution s'inverse et le carbonate de calcium est restitué sous forme de cristaux de calcite qui, juxtaposés goutte après goutte, vont construire un paysage féerique de stalactites, stalagmites, colonnes, draperies, gours, rivières pétrifiées. Toute cette végétation minérale opaque ou translucide, parfois d'une blancheur immaculée, souvent délicatement teintée par divers oxydes, croît à une allure géologique, quelque dixièmes de millimètres par an dans le meilleur des cas. Les concrétions, les cristallisations calcaires sont les ornements essentiels des paysages souterrains naturels. Quel trésor, mais aussi quelle fragilité ! Le moindre choc, parfois un léger souffle, suffit à détruire ce que des décennies, voire des siècles, ont élaboré.
Les grottes les plus richement concrétionnées, celle du Père Noël à Han-sur-Lesse, par exemple, ou de Rosée à Engis, sont heureusement sévèrement protégées. La plupart des autres grottes naturelles ont subi l'outrage du vandalisme, du pillage, voire du concassage carrier à Hotton. Les concrétions d'une partie de cette merveilleuse cavité ont servi d'assise à l'autoroute de Wallonie !
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